Voici un article du Journal étudiant d’Armand-Corbeil. Un grand merci!
Présente sur Terre depuis environ 60 millions d’années, l’Apis mellifera, notre abeille domestique, a évolué pour devenir une des pollinisatrices les plus efficaces qui soient. Elle côtoie l’homme moderne depuis des millénaires, mais depuis quelques années, l’insecte connaît de gros problèmes : partout dans le monde, et pour différentes raisons, les colonies d’abeilles déclinent, si elles ne disparaissent pas carrément. Puisque l’abeille domestique est une puissante bio-indicatrice et qu’elle contribue à la production alimentaire mondiale, il semble impératif de chercher à comprendre le phénomène. Au moins, certains plans d’action pour les sauver ont été mis en place, comme #RamenonsLesAbeilles par Cheerios, qui consiste à semer des graines de tournesols pour aider nos abeilles.
Tout d’abord, qui dit abeille domestique dit généralement miel. Cependant, sa production de miel est un rôle bien secondaire si l’on songe que l’abeille contribue à la pollinisation des deux tiers des 3000 denrées alimentaires agricoles de la planète. Nous sommes portés à croire que le miel est la principale raison d’être de l’apiculture, mais il a été démontré que la valeur du service de pollinisation vaut environ 150 fois plus que du miel et de la cire. Des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ont estimé, en 2005, sa valeur à environ 231 milliards de dollars canadiens, soit 9,5 % de la valeur de l’ensemble de la production alimentaire mondiale.
La pollinisation touche plusieurs catégories de cultures : les fruits, les légumes, les oléagineux (soja, tournesol, etc.), les stimulants (cacao et café), la production de semences légumières et autres. Il faut mentionner que l’agriculture occupe 38 % de la surface du globe et ces superficies cultivables sont situées dans les pays développés qui utilisent les services de pollinisation loués, Apis mellifera dans 90 % des cas. C’est alors une grande part de notre garde-manger qui repose sur ces frêles épaules!
Ensuite, le miel, outre son goût sucré, présente d’autres propriétés intéressantes : antibactérien, anti-inflammatoire, cicatrisant, etc. Cependant, ce n’est pas le seul produit de la ruche ayant certaines propriétés médicales, il y a aussi la propolis, une substance aux vertus cicatrisantes, antibiotiques et immunostimulantes. Elle est aussi composée de diverses résines végétales, mélangées à de la cire et de la salive, et constitue un excellent antiseptique naturel. C’est d’ailleurs l’usage qu’en font les abeilles: elles en tapissent les murs intérieurs de la ruche afin de la stériliser. Le pollen, lui, est très riche en protéines, minéraux et vitamines, il est utilisé comme fortifiant du système immunitaire. Le dernier produit utilisé par l’humain comme immunostimulant, énergisant et substance nutritive est la gelée royale qui, pour l’abeille, sert à nourrir les œufs au cours des trois premiers jours de vie, ainsi que la reine durant toute son existence.
Cependant, même si l’abeille disparaissait, l’humanité ne mourrait pas de faim parce que les denrées comme le maïs, le blé et le riz, qui représentent 60 % des cultures dont se nourrit l’humanité, sont anémophiles, c’est-à-dire pollinisées par le vent. En revanche, la diversité alimentaire serait plutôt médiocre, mais l’importance de la pollinisation va au-delà d’une simple question de variété.
Sans tomber dans l’équation simple
« Pas d’abeilles = pas de pollinisation = disparition de certaines espèces végétales = disparition de certaines espèces animales… »,
il faut songer à tous les services écologiques découlant de la pollinisation.
Les services écosystémiques sont généralement classés en quatre groupes: d’approvisionnement, de régulation, culturel et de support.
Du reste, ils sont tous interreliés, car la pollinisation ne se limite pas à l’agriculture, mais s’étend aussi aux plantes sauvages et aux arbres, assurant non seulement l’inspiration à l’artiste, mais aussi la séquestration du carbone, la qualité de la filtration de l’eau, la conservation de la fertilité des sols, de même que le recyclage des nutriments et bien plus. En fait, qui dit pollinisation dit biodiversité et tout ce que cela sous-entend.
- Même en sachant que la pollinisation permet d’augmenter de 10 % la qualité germinative des semences, ainsi qu’un accroissement de la production de l’ordre de 5 à 50 % de la majorité des cultures.
- Même en prenant en considération la dépendance de l’humain et du bétail à certaines cultures pollinisées par les abeilles.
- Même en sachant que ces cultures ont une valeur économique plus importante que d’autres, qui n’ont pas besoin d’insectes pour les polliniser.
- Même si de nombreuses études ont démontré que ces dernières profitent également des pollinisateurs en produisant des fruits plus gros, plus symétriques et plus sucrés.
- Même en prenant tous ces faits en compte, il est à peu près impossible d’accorder une valeur monétaire réelle et justifiée au service de pollinisation.
La seule chose qu’il soit possible d’affirmer, c’est que toute cette chaîne d’interrelations est le fruit d’une longue évolution. Il est donc permis de supposer qu’en ne brisant qu’un seul de ses maillons, le système risque de s’écrouler, faute de pouvoir s’adapter.
En conclusion, il faut garder en mémoire qu’Apis mellifera n’est pas un insecte banal. Elle côtoie les humains depuis des millénaires et leur rend de précieux services, en leur permettant non seulement d’avoir une diète riche et variée, mais aussi en leur offrant plusieurs produits utiles et appréciés. Elle semble indiquer que quelque chose ne va pas dans la relation qu’entretiennent les humains avec leur environnement. Si tout, dans la nature, est une question d’équilibre, alors on ne peut que constater que nous sommes face à un grave déséquilibre, peu importe les causes ou les synergies de facteurs dont il est question.
P.S : Abeilles VS guêpes
Contrairement à ce que tout le monde hurle pendant un repas à l’extérieur, l’abeille n’est pas celle qui vient fouiller dans notre nourriture, c’est la guêpe.
Les abeilles se distinguent des guêpes par leur corps plus trapu et nettement duveteux. Leur comportement aussi est différent: elles prêtent peu d’attention aux humains et se contentent d’aller de fleur en fleur. Elles font souvent un bruit en volant: le bourdonnement. Les abeilles sont inoffensives et piquent très rarement.
Les guêpes appartiennent à différents genres et espèces. Elles sont plus longues que les abeilles, avec un net rétrécissement au milieu de leur corps, et paraissent sans poils. Aussi, leur vol est silencieux. Elles ne meurent pas après avoir piqué et peuvent ainsi piquer plusieurs fois. Les guêpes sont très agressives et piquent sans beaucoup de provocation. Leur présence près des humains ne doit pas être encouragée.
Sources:
- Jardinier paresseux, https://jardinierparesseux.com/tag/distinguer-entre-abeille-et-guepe/, consulté le 10 mai 2019.
- Usher Brooke, https://www.usherbrooke.ca/environnement/fileadmin/sites/environnement/documents/Ouvrages_de_reference/Travail_Nathalie_Pelletier_-_abeilles.pdf, consulté le 9 mai 2019.
- Abat frelons et guêpes, destruction de nids, http://abatfrelonsguepesdestructionnids64-65.blogspot.com/2013/07/abeille-guepe-frelon-asiatique-frelon.html, consulté le 10 mai 2019