Les OGM – bons ou mauvais pour la santé?

Laurence Sauvageau

Polyvalente Saint-François, Beauceville

La population veut de plus en plus s’assurer de consommer des produits sains, ce qui peut amener à des sujets de controverse. Justement, les OGM en sont un. Les gens se demandent s’ils sont bons ou non pour la santé.

Des OGM, ça mange quoi en hiver?

Par définition, un organisme génétiquement modifié (OGM ou transgénèse) est un organisme vivant duquel on a modifié certains gènes pour qu’ils aient de nouvelles caractéristiques. Ces modifications sont faites en laboratoire et consistent à extraire un gène d’intérêt d’une cellule d’un organisme pour l’introduire dans une cellule d’un organisme à modifier. Cette cellule modifiée se reproduira en offrant à ses descendants son bagage génétique amélioré.

Avec le procédé de modification génétique on peut, par exemple, rendre des aliments résistants aux insectes, aux pesticides, aux virus et maladies et au brunissement enzymatique (brunissement engendré par l’endommagement du fruit ou légume). Si on prend par exemple une culture de maïs ayant été traitée pour les herbicides, c’est que certains de ces gènes ont été modifiés pour résister aux herbicides de sorte que, lorsque la culture en sera aspergée, les plants de maïs ne seront pas endommagés.

Quels OGM sont consommés au Canada?

À ce jour, 13 espèces de plantes GM ont été approuvées pour la commercialisation au Canada.

Parmi ces plantes, les OGM cultivées au Canada sont le maïs, le soja, le canola, la luzerne, la betterave sucrièrela pomme Arctic, et la pomme de terre.

On retrouve aussi un saumon GM approuvé pour la commercialisation, «à qui on a introduit un gène d’anguille et une hormone de croissance d’un autre saumon pour qu’il grossisse deux fois plus vite».

Voici la liste des plantes GM du site OGM.gouv.qc.ca :

Caractères OGM
Résistance aux insectes
  • Maïs-grain Bt, maïs sucré Bt
  • Pomme de terre Bt résistante au doryphore de la pomme de terre*
  • Tomate Bt résistante aux lépidoptères*
  • Coton*
Tolérance aux herbicides

Cette plante GM va survivre si la terre est aspergée avec un herbicide, tandis que les autres plantes vont mourir.

  • Maïs-grain; maïs sucré
  • Soja
  • Lin*
  • Canola
  • Coton*
  • Betterave sucrière
  • Luzerne
  • Riz*
Résistance aux virus
  • Courge*
  • Papaye*
  • Pomme de terre*
Mûrissement retardé
  • Tomate*
Changement de la composition en huile
  • Soja*
  • Canola*
Changement de la composition nutritionnelle
  • Maïs*
Contrôle du pollen
  • Maïs
  • Canola
Bioproduits/Biocarburants
  • Maïs
Résistance au brunissement enzymatique
  • Pomme
  • Pomme de terre
Tolérance à la sécheresse
  • Maïs*

*Présentement non cultivé au Canada pour des contraintes de marché ou climatiques ou encore parce que les variétés ne sont pas enregistrées pour la vente de semences.

Moins de pesticides

Premièrement, les organismes génétiquement modifiés ont de nombreux avantages comme de permettre de réduire l’utilisation de pesticides. Les pesticides regroupent tous les produits chimiques utilisés pour détruire des indésirables qu’ils soient animaux ou végétaux. Ces produits sont très toxiques, alors en réduisant leur utilisation on diminue le risque d’intoxication par inhalation ou consommation de leurs résidus. Concrètement, aux États-Unis en 2004, la quantité d’herbicides utilisés sur les cultures de canola génétiquement modifiées a diminué de plus de 165 000 kg et celle sur le maïs de 7,3 millions de kg. Aussi, une étude faite auprès des producteurs de canola par le Conseil canadien du canola a permis d’observer une diminution de 40% du taux d’herbicides appliqués par hectare entre 1995 et 2000 et il continue de baisser chaque année.

De plus, avec des cultures résistantes aux herbicides, il est possible de les asperger directement, soit quand le plant est sorti de terre. En partie grâce à cela, les cultures génétiquement modifiées ont besoin d’une moins grande quantité de pesticides comparé à celles qui ne sont pas modifiées génétiquement. Avec ça, on peut diminuer le labour (action de travailler le sol pour le rendre favorable à la croissance d’une plantation en retournant la terre) ce qui sauve temps et énergie aux cultivateurs, mais surtout qui diminue l’érosion des sols, de l’écoulement des pesticides, de la contamination des nappes phréatiques et de l’émission de gaz à effet de serre. Tout ça aide à la préservation de l’environnement et contribue à nous offrir un futur plus propre.

Des superaliments

Deuxièmement, les OGM permettraient aussi la création d’aliments avec des caractéristiques supérieures.

L’organisation mondiale de la santé communique:

“Les OGM pourraient améliorer la sécurité alimentaire par une meilleure protection des récoltes contre les animaux nuisibles et la sécheresse et même bonifier la valeur nutritionnelle de certaines cultures.”

Justement, des chercheurs travaillent à rendre des aliments plus nutritifs pour aider les pays qui souffrent de famine. Par exemple, des scientifiques ont mis au point une variété de riz concentrée en bêta-carotène, une substance que notre corps convertit en vitamine A. Le but est d’aider les habitants de pays en voie de développement ayant une alimentation principalement composée de riz, qui est faible en vitamine A et qui cause une carence aux habitants.

De plus, des scientifiques travaillent sur une moléculture qui utiliserait des animaux ou des plantes transgéniques à des fins pharmaceutiques pour la création de médicaments et de vaccins. Les scientifiques aimeraient, de la même façon que les vaccins traditionnels (en introduisant dans le corps une substance composée de micro-organismes pathogènes dans le but de nous immuniser), insérer ces micro-organismes dans les gènes d’un aliment que nous mangerions. Ce procédé moins coûteux à produire que les vaccins conventionnels serait à portée de main d’un plus grand public.

Toxines

Par contre, les aliments génétiquement modifiés pourraient avoir des réactions imprévisibles et négatives. Aucune étude ne peut encore le prouver, mais il pourrait y avoir un risque qu’un aliment transgénèse réagisse à sa modification par la création de toxines, d’allergènes ou de protéines non-désirées. Dans le cas d’une culture modifiée pour résister aux insectes, la plante aura développé la capacité de rejeter une toxine poison pour l’insecte visé le tuant lorsqu’il mangera la plante. Ses toxines se déversent parfois dans des cours d’eau ou dans le sol et nuisent à d’autres plantes ou insectes qui n’étaient pas visés.

Mauvais pour les abeilles

Il y a aussi une crainte que les insecticides attaquent les insectes pollinisateurs. Un impact sur eux serait très grave, car sans eux la plante ne peut pas se reproduire ni produire son fruit. Cela pourrait amener à l’extinction d’espèces et à la perte de certaines sortes de fruits. Aussi, la création de plus d’allergènes augmente le risque d’allergies alimentaires.

Des ennemis plus puissants

De plus, les cultures GM pourraient amener à la création d’espèces nouvelles et plus résistantes aux herbicides. Les insectes polinisateurs se promènent de fleur en fleur et peuvent transmettre le bagage génétique d’une plante à une autre. De cette façon, une plante non-transgénèse pourrait être contaminée par du pollen GM et une mutation au niveau de la plante pourrait surgir. Cette nouvelle variété verait le jour avec les mêmes caractéristiques que l’autre plante qui était modifiée. Si elle est résistante, il faudrait mettre plus d’herbicides. C’est le même principe pour les insectes qui peuvent devenir tolérants aux insecticides, ce qui pousserait les agriculteurs à utiliser plus de pesticides ou des pesticides plus puissants et donc plus dangereux. D’ailleurs, Elisabeth Abergel professeure au département de sociologie de l’Université de Québec à Montréal précise: “[…] les grandes cultures d’OGM tolérantes à certains herbicides industriels favorisent le développement de mauvaises herbes résistantes à ces mêmes produits, rendant leur contrôle de plus en plus difficile.” Il est à noter que les espèces évoluent de façon naturelle pour s’adapter à leur environnement et que les mauvaises herbes autant que les insectes pourraient devenir résistants à leur pesticide naturellement.

OGMs : potentiellement bénéfiques, mais attention!

Avec les OGM, il est possible de réduire l’utilisation de certains pesticides. Ils permettent aussi la création d’aliments avec des caractéristiques supérieures, qui pourraient aider les pays en voie de développement. La population en général pourrait également être bénéficiée par la création d’aliments contenant des vaccins. Par contre, les aliments GM pourraient réagir de façon imprévue et négative amenant à des problèmes de santé. Ils pourraient aussi conduire à la création de plantes ou d’insectes résistants aux pesticides, augmentant ainsi leur utilisation. Toutefois, il faut se souvenir qu’aucune étude n’a pas pu prouver que les aliments transgénèses étaient négatifs.

Laurence Sauvageau

Polyvalente Saint-François, Beauceville

Sources:

Photo: Le magazine des sciences de RCF-ISÈRE, 

RESSOURCES PÉDAGOGIQUES DE LA FILIÈRE SEMANCE. “Les étapes de la transgénèse”, https://www.gnis-pedagogie.org/sujet/biotechnologies-etapes-transgenese/, page consultée le 14 octobre 2021.

GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. “Source d’information sur les organismes génétiquement modifiés”, http://www.ogm.gouv.qc.ca/information_generale/info_ogm/info_quoi.html, page consultée le 8 octobre 2021.

FUTURA PLANÈTE. “OGM :  avantages et inconvénients”, https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/botanique-mais-cereale-grains-precieux-2346/page/5/, page consultée le 8 octobre 2021.

LE JOURNAL DE MONTRÉAL. “Le point sur les OGM”, https://www.journaldemontreal.com/2021/08/08/le-point-sur-les-ogm, page consultée le 21 octobre 2021. 

VIGILANCE OGM. “Analyse de l’épisode OGM du Phamachien”, https://www.vigilanceogm.org/articles/analyse-de-lepisode-ogm-du-pharmachien, page consultée le 21 octobre 2021.