Chaque année, le changement d’heure bouleverse nos rythmes quotidiens en nous imposant une heure de plus (ou de moins) dans nos activités. Alors que les journées s’allongent et que la lumière du jour semble plus généreuse, ce décalage horaire peut également perturber nos habitudes. Entre bienfaits et inconvénients, l’heure avancée suscite à la fois enthousiasme et désagréments. Mais est-ce qu’elle exerce vraiment une influence sur notre quotidien et notre bien-être? Vous allez le découvrir dans cet article.
Qu’est-ce que l’heure avancée?
Selon l’Encyclopédie canadienne, « au Canada, l’heure avancée, ou heure d’été, est une pratique qui consiste à avancer les horloges d’une heure le 2e dimanche de mars et à les reculer le 1er dimanche de novembre »1.
En gros, arrivés à la mi-mars, on se lève une heure plus tôt, étant donné que les horloges sont avancées. Prenons un exemple: si je mets mon réveille-matin à 6 heures du matin, à partir du 2e dimanche de mars, il serait 7 heures du matin lorsqu’il sonnera à l’heure que j’ai mise la veille. C’est le contraire pour le recul des horloges: en début novembre, je mets mon réveille-matin à 6 heures, puis le matin suivant, il serait 5 heures lorsqu’il sonnera. D’un point de vue scolaire, la situation précédente est plus avantageuse pour les étudiants et étudiantes, car elle nous donne une heure de plus de sommeil!
Heure avancée et fuseaux horaires
Nous savons tous que l’heure est différente partout dans le monde. Comment peut-on connaître l’heure actuelle au Canada, en France et au Japon en même temps? C’est là que les fuseaux horaires nous viennent en aide.
Les fuseaux horaires (en anglais time zone) sont des territoires délimités sur le globe qui suivent plus ou moins sa longitude. Reconnus sous forme d’abréviations (ex. UTC-4, UTC+3, etc.), ils aident à donner les écarts d’heure entre les différentes parties du monde. Pour expliquer l’appellation, « UTC » veut dire « temps universel coordonné » et le signe et le chiffre qui suivent l’abréviation indiquent l’écart entre celui-ci et le fuseau horaire nommé. Il en existe 24, dont 6 passent par le Canada.
Lors du changement d’heure, les fuseaux horaires changent aussi d’abréviation, passant de UTC-5 à UTC-4 ou vice-versa dans le cas de la majorité de la province de Québec. On peut remarquer dans l’image ci-dessous que les fuseaux horaires qui passent par le Canada ont leurs propres abréviations.
Comment ce changement a-t-il vu le jour?
L’Encyclopédie canadienne raconte que « le gouvernement canadien a créé l’heure avancée en 1918 pour accroître la production durant la Première Guerre mondiale »1. Elle mentionne également que l’Allemagne et l’Angleterre avaient adopté des mesures semblables, sûrement pour les mêmes raisons. « L’idée était que pendant les mois où le soleil reste visible le plus longtemps, une heure de lumière naturelle serait récupérée avant le déjeuner pour être utilisée après le souper. Les pays faisaient cela en avançant les horloges d’une heure au printemps (pour commencer la journée plus tôt) et en les reculant d’une heure à l’automne. »1
Ainsi, l’heure avancée existe officiellement depuis plus de 100 ans. En revanche, rien n’arrête les historiens de supposer que cette pratique a été inspirée d’évènements du passé ou même directement énoncée durant des époques précédentes, avant d’être intégrée durant la Première Guerre mondiale.
Selon des experts, quels problèmes pose cette pratique?
Malgré le fait qu’elle nous aide à « économiser » de la lumière du jour, l’heure avancée n’est pas bien reçue par les scientifiques. En effet, ces derniers affirment des méfaits à cette pratique qui peuvent impacter la santé de l’être humain.
Dans un article de Québec Sciences, les propos de Roger Godbout et de Joseph De Koninck, deux experts du sommeil, sont appuyés.
Ces spécialistes expliquent que l’humain est un animal diurne, donc qui a besoin « d’être exposé à la lumière du jour pour fonctionner normalement ». Nos ancêtres, qui vivaient près de l’équateur, « où les périodes quotidiennes de lumière et d’obscurité valent 12 heures chacune », ont dû adapter leurs activités diurnes lorsqu’ils se sont établis dans le Nord (territoires de l’actuel Canada), où la luminosité est inégale durant les saisons d’été et d’hiver. Elles « se sont organisées en fonction de la longueur de la période de lumière, dont la moitié est atteinte lorsque le soleil est à son plus haut (le « zénith »). À l’heure avancée, au même endroit, le soleil est au zénith à 13h plutôt qu’à midi. On n’a donc pas plus de lumière sous l’heure avancée: on transfère simplement une heure de lumière du matin vers l’après-midi. Cela a une grande importance pour notre horloge biologique. »2
Celle-ci se trouve dans le centre de notre cerveau, son activité « génétiquement rythmée sur 24 heures », et elle contrôle diverses fonctions de notre corps, tels que « les variations de la vigilance (éveil, sommeil), le moment de la production d’hormones, dont la fameuse mélatonine, les performances physiques et mentales et la température corporelle. Son action est principalement synchronisée par l’exposition à la lumière matinale, car c’est à ce moment que le spectre (couleur) de la lumière du jour, en raison de la position du soleil, est le plus approprié pour son fonctionnement, et par l’illumination maximale du midi. »2
Les scientifiques continuent que « lorsqu’on avance l’heure, non seulement nous perdons une précieuse heure de sommeil, mais, surtout, le soleil se lève plus tard le matin pour les huit prochains mois, et le zénith est « en retard ». Le déplacement de la période d’illumination solaire vers le soir engendre une désynchronisation avec le rythme de l’horloge biologique, d’où les effets négatifs ressentis lors des changements d’heure. Il faut jusqu’à une semaine pour que le système circadien se resynchronise, mais cela peut prendre plus de temps pour les personnes plus vulnérables, comme les enfants, les personnes âgées ou les personnes ayant un trouble du sommeil. »2
Ainsi, le sommeil est un facteur important qu’il faut prendre en considération. La durée du jour influence notre horloge biologique, qui affecte la qualité de notre sommeil et, conséquemment, notre santé physique et/ou mentale. L’heure avancée a même des impacts plus à long-terme: « les problèmes de sommeil tant passagers que durables ont des conséquences néfastes bien documentées. Même un déficit d’une heure peut avoir une influence sur l’humeur et la vigilance la journée suivante, et le changement d’heure contribue à perturber les habitudes de sommeil. » Finalement, la dépression et autres troubles psychologiques font partie des hauts risques du changement d’heure.
Mais alors, qu’adviendra-t-il de l’heure avancée dans le futur?
Les opinions du public à ce sujet divergent. Malgré de nombreux sondages qui ont été faits pour récolter l’avis des gens dans plusieurs pays, dont le Canada, sur l’abolissement de l’heure avancée et les études créées par les scientifiques qui contredisent la nécessité de cette pratique, aucune décision n’a été prise pour l’instant. Cependant, nous ne pouvons qu’attendre que cette situation prenne plus d’amplitude auprès de la population pour que le gouvernement canadien (ou tout autre gouvernement) décide d’y porter son attention.
Article par Tamara Sudakov, secondaire 3, de l’École d’éducation internationale de Laval
Sources (information’s et images):
The Eleventh Hour Catastrophe – Free photo on Pixabay
1 Heure avancée au Canada | l’Encyclopédie Canadienne
Fuseaux horaires et l’heure avancée – Conseil national de recherches Canada
Deux spécialistes demandent le retour à l’heure normale toute l’année – Québec Science