Pourquoi avons-nous des habitudes ?

 Avez-vous déjà essayé de changer ?

 

Toutes nos actions sont comme des chemins dans notre cerveau. Certains sont des sentiers escarpés et improvisés à travers les sous-bois. D’autres, que nous répétons chaque jour, sont des rues bien éclairées et confortables. Et les actions qu’on réalise depuis de nombreuses années sont des autoroutes solides et permanentes dans notre cerveau, établies là grâce à une longue histoire d’apprentissage par la répétition. Il n’est donc pas étonnant qu’il ne soit pas facile d’abandonner ces chemins, qui ne se sont pas installés par accident ou par simple force de volonté. Combien sommes-nous à avoir déjà essayé de changer une habitude, pour finalement, se retrouver de retour au point de départ ? Pour influencer ces comportements de manière efficace, il peut être fort utile de bien comprendre comment tout cela fonctionne.

 

Deux types de chemins différents

Au sens large, on utilise différents termes pour décrire des actions que nous répétons régulièrement, comme routines et habitudes. Cependant, ils ne signifient pas exactement la même chose.

 

Une routine est une série de gestes qu’on commence à faire consciemment car on souhaite obtenir un certain résultat. C’est la partie lente et analytique de notre cerveau qui est à l’œuvre ici. Par exemple, chaque matin, on suit une séquence d’actions précise comme se réveiller, déjeuner, se laver les dents et s’habiller, parce qu’on préfère démarrer la journée d’une certaine façon. Chaque fois qu’on fait les choses de cette manière, c’est une décision consciente : penser au résultat (être prêt pour aller à l’école) est ce qui débute la routine.

 

Une habitude, en revanche, implique la partie rapide et intuitive du cerveau. C’est alors une action qui paraît se produire en pilote automatique. Plusieurs habitudes ont également commencé comme des routines, mais à force de répéter, elles sont devenues des gestes automatiques qu’on fait fréquemment sans même y penser.

Une particularité des habitudes, toutefois, c’est que contrairement aux routines, elles ne dépendent d’aucune raison ou objectif.

Elles peuvent commencer comme des routines avec une décision consciente et une idée en tête : si on souhaite occuper son temps dans l’autobus, on pourrait avoir l’idée d’attraper son téléphone et de naviguer sur les médias sociaux pour se divertir. Si on trouve du contenu amusant, on risque de faire la même chose la prochaine fois qu’on s’ennuie en rentrant chez soi.

Dans le cas où on répète cette routine de nombreuses fois et qu’elle continue à nous rendre heureux, elle se transforme en quelque chose d’autre. Notre cerveau se rend compte que le chemin qui commence en attrapant le téléphone mène au bonheur, donc ce chemin doit être renforcé. Ce qui ressemblait davantage à un sentier pédestre obtient maintenant une surface stable avec de l’asphalte, des trottoirs et quelques lampadaires : une habitude s’est formée!

Désormais, apercevoir simplement le téléphone devient un déclencheur

qui lancera automatiquement l’action d’attraper le téléphone

pour débloquer la récompense de se sentir heureux.

On suit le chemin sans y penser et peu importe si on veut réellement faire quelque chose de spécifique sur le téléphone ou non. En fait, on ne suit pas le chemin parce qu’il nous mène où on veut aller à cet instant, mais plutôt parce qu’il y a un panneau qui indique « route agréable bien éclairée par ici ». Ainsi, l’habitude est déclenchée sans prendre de décision ni avoir la récompense en tête au moment où on la commence. Elle débute simplement parce qu’elle a été déclenchée de cette manière de nombreuses fois auparavant.

 

Le cerveau aime les habitudes

Ce n’est pas sans raison que les actions que nous répétons souvent deviennent des habitudes.

Les décisions conscientes demandent beaucoup d’efforts au cerveau, et nos ressources mentales sont limitées. Cela fait des habitudes une excellente solution, car elles sont une astuce ingénieuse pour économiser de l’énergie. Chaque fois qu’on fait quelque chose pour la première fois, c’est comme si notre cerveau devait se frayer un chemin à travers la jungle. Lorsqu’une action devient une habitude, le sentier de terre se transforme en route, et on nécessitera beaucoup moins d’efforts pour emprunter ce chemin à l’avenir.

 

Les habitudes font donc partie de notre biologie. Elles nous aident à gérer la vie quotidienne tout en conservant suffisamment d’énergie pour faire face à des défis mentaux plus complexes.

 

Les habitudes sont très puissantes :

à un moment donné, l’action devient principalement automatique et parfois entièrement inconsciente,

au point qu’il peut être difficile d’arrêter de la faire.

 

Ce processus peut rendre la vie beaucoup plus facile, mais il ne nous empêche malheureusement pas de développer de mauvaises habitudes. Ces dernières peuvent sembler insignifiantes au début, mais répétées jour après jour, les chemins dans le cerveau se transforment finalement en autoroutes. Et avec le temps, ces autoroutes d’habitudes façonnent non seulement certains aspects de nos vies, mais également les personnes que nous devenons.

 

 

Par Gabriel Roman, secondaire 4, École d’éducation internationale de Laval.

 

Pour en apprendre plus sur les habitudes, vous pouvez visiter la chaîne YouTube de Kurzgesagt.

 

 

Sources:

 

Image du cerveau: Pixabay

Image du celulaire: PIXABAY