Le mouvement Riot Grrrl

 Riot Grrrl, un sous-mouvement du punk à la fois culturel et politique… Mais de quoi s’agit-il exactement? C’est ce que nous allons présenter aujourd’hui.

Ces origines

Le terme « Riot Grrrl» est apparu en 1991 lorsque plusieurs femmes à Washington se rassemblèrent pour discuter de méthodes pour lutter contre le sexisme sur la scène punk.

En effet, il y avait beaucoup de discrimination contre les artistes punk féminines, ce qui est ironique quand la valeur même de ce mouvement est d’accepter tous les groupes sociaux. Elles ont donc décidé de commencer une révolte contre une société où leurs voix sont ignorées.

Tranquillement, les jeunes filles produisent leurs propres chansons féministes et s’impliquent dans la création de nouveaux styles lyric au lieu de suivre l’art populaire. Des groupes comme Bikini Kill, Bratmobile, Huggy Bear, The Third Sex et Heaven to Betsy abordent des situations personnelles et des thèmes tabous comme l’avortement, le viol, le fascisme, l’itinérance, l’abus, l’orientation sexuelle/identité de genre et racisme.

Bikini Kill au début de leur carrière.

Ses progrès

Mais comment est-ce qu’un mouvement commencé dans une petite ville de Washington grandit si vite?

D’abord, beaucoup de femmes dans des groupes underground ont profité de cette opportunité pour exprimer leurs opinions gauchistes en publiant des zines.

Ces derniers sont des magazines non-officiels, une forme de média non conventionnel, populaire dans la culture punk pour son accessibilité et son absence de censure. N’importe qui peut en fabriquer et en distribuer, même vous!

Collection de zines de groupes riot grrrl.

 

Les femmes investies dans la culture punk rock appréciaient la musique de ce genre, mais, au niveau local, elles avaient du mal à s’identifier aux artistes masculins qui ne vivaient pas ce qu’elles vivaient. Afin de s’affirmer, elles envoyaient plusieurs zines ici et là pour annoncer l’opportunité qu’elles ont de finalement avoir une domination féminine dans leurs propres genres de musique.

 

Liz Naylor, la fondatrice du groupe Riot grrl anglais «Huggy Bear» décrit le mouvement de la manière suivante :

« Il y avait beaucoup de colère et d’automutilation. Dans un sens symbolique, les femmes étaient en train de couper et détruire l’image conventionnelle de la féminité, la déchiquetant agressivement. »

 

Effectivement, la culture et les chansons riot grrrl ne sont pas plus douces ou calmes que le punk rock classique simplement car c’est un genre de musique mené par les femmes. Le but de ce style est d’hurler des convictions à connotation punk (l’antiracisme, la protection des droits LGBTQ, la sensibilisation contre le viol, etc.) en restant axé sur le féminisme.

Plusieurs vont aller jusqu’à frapper des instruments sur scène ou en studio pour que le son soit aussi fort que possible. Symboliquement, ce son agressif donne l’impression qu’on passe un message haut et fort.

Le déclin du mouvement

Au milieu des années 90, plusieurs jeunes femmes réalisent que la culture populaire avait mal interprété le féminisme qu’elles essayaient tant de définir. L’image soignée, sexy et douce du féminisme conçu par les médias a perverti la vraie image brute, chaotique, honnête et bruyante du féminisme que les riot grrrls voulaient populariser.

Voici l’opinion de Corin Tucker (chanteuse de Sleater-Kinney) sur le déclin :

« Je pense que c’était intentionnel de nous faire passer pour de simples filles ridicules se promenant en sous-vêtements. Ils ont refusé de nous accorder des interviews sérieuses, ils ont déformé nos propos, ils ont sorti de leur contexte nos articles et nos fanzines. Nous avons beaucoup écrit sur les violences et les agressions sexuelles envers les adolescentes et les jeunes femmes. Je pense que ce sont des sujets très importants que les médias n’ont jamais abordés. »

De plus, les groupes originaux, Bratmobile, Heavens to Betsy et Huggy Bear se sont séparés en 1994. Puis, Excuse 17 et de nombreux groupes britanniques quittent la scène Riot Grrrl en 1997 et Bikini Kill et Sassy Lime ont sorti leurs derniers albums en 1996.

 

Cependant, plusieurs de ces groupes se réunissent comme Bratmobile en 2000. Y a-t-il de l’espoir pour le mouvement riot grrrl?

La 2e vague de Riot Grrrl

La réponse est oui! Dans les années 2010, la 4e vague de mouvement féministe surgit et beaucoup de groupes se sont inspirés des premiers artistes comme Erin Smith, guitariste de Bratmobile ou Sharon Cheslow, chanteuse de Chalk Circle pour, à leur tour, essayer de ramener le punk féministe. Les concerts riot grrrl offraient aux filles un endroit où s’exprimer, en endroit pour voir son histoire être racontée. Les femmes punk sont beaucoup trop attachées à ces expériences pour abandonner ce mouvement si rapidement!

Alors même si les artistes riot grrrl ne sont pas connues mondialement, même si leurs opinions ne sont pas entendues par la majorité, même si elles arrivent à peine à dépasser 20 albums de vendus, elles continuent de s’exprimer. Ce qui compte, ce n’est pas l’attention du grand monsieur prêt à investir dans son onzième artiste, c’est l’attention de l’adolescente coincée qui a besoin d’une idole féminine.

 

Ash Bagherian, élève de 4e secondaire, école d’éducation internationale de Laval

Sources :

https://www.nypl.org/blog/2013/06/19/riot-grrrl-movement

https://www.theguardian.com/music/musicblog/2009/sep/14/myths-riot-grrrl-cribs-takeover

https://www.google.com/maps/d/u/0/viewer?mid=18LUKCYu_lMY4LW3nCsKfTmau7-w&ll=47.51803944708233%2C-76.65676671367163&z=6

https://jacobin.com/2013/09/she-came-to-riot/

https://www.nytimes.com/interactive/2019/05/03/arts/music/riot-grrrl-playlist.html

https://pixabay.com/fr/photos/concert-microphone-kiosque-%c3%a0-musique-7424190/

La Gazette de l’ÉÉIL